Déjà un mois. Je ne sais pas si ça passe vite. En tout cas, on a du mal à savoir quel jour on est, dans quelle ville on est rendu… Je ne sais plus à quoi ressemblait ma première chambre d’hôtel ici. Les villes s’enchaînent, elles sont toutes différentes et toutes pareilles. Ce sont des fourmilières faites en carton-pâte, des cités-usines, des cirkopolis. Le vieux presque authentique et le jeune déjà dépassé s’y côtoient. C’est d’un côté la recherche du respect des traditions ancestrales et de l’autre l’envie irrémédiable de faire semblant qu’ils sont l’occident. C’est troublant. C’est dommage. J’arrive pas à savoir si les chinois sont heureux, ça m’attriste. Mais au contraire quand on arrive à engager un contact avec eux, quand il y a une connexion sincère parce qu’on essaye de leur parler en mandarin, ou qu’on a fait une clownerie qui les décroche de leur réalité (cellulaire), et qu’on voit leur sourire éclore et leurs yeux finir de disparaître, là j’ai l’impression de toucher à quelque chose de très humain : l’espoir.
On à la chance de vivre d’incroyables moments, comme cette fois où nous cherchions à manger au hasard d’un quartier flambant neuf et relativement désertique. Nous étions 4 sur nos skateboards et patins à roulettes respectifs à glisser sous un soleil de plomb. Nous avons finalement trouvé un petit café et à notre grande surprise en entrant, un groupe de musiciens classiques s’apprêtaient à répéter dans ce café. Ce fut magique de manger accompagnés de ces violons et violoncelles. Un concert secret perdu dans une ville titanesque où nous étions le seul public. Quel privilège !
D’un autre côté, et je ne me sentais pas de ne pas en parler… J’ai été très touché par les actualités récentes, comme tout le monde en fait. C’est atroce et plus d’émotions que de mots me viennent pour m’exprimer. Je lisais quelques articles le lendemain et quand ça a commencé à parler d’enfants je me suis décomposé, j’ai fondu en larmes tout seul dans ma chambre d’hôtel. D’un coup on se sent moins que rien, on se sent vraiment stupide de râler pour un déjeuner pas bon, un hôtel un peu moins confortable qu’un autre, quand on repense que quelque part il y a des gens qui souffrent horriblement. Comme tous les jours en faite mais on a ce défaut de toujours trop vite oublier. Et quel gâchis de potentiel humain ! Peut-être que parmi ces victimes il y avait un futur Mozart, l’inventeur du vaccin contre le sida, ou ne serait-ce qu’un bon prof de maths. Je me suis senti tellement favorisé le lendemain et les jours suivant de pouvoir monter sur une scène avec mes amis, pour faire ce que j’aime ; et encore une fois très ému de pouvoir jouer pour tous ces enfants qui avaient la possibilité d’être là. Si vous lisez ces quelques lignes, je vous encourage à lutter ensemble contre l’ignorance, la haine, la peur, le gachis..! Je ne suis personne en particuliers pour vous le dire, j’ai juste la chance d’être encore là pour le faire.
L’aventure continue et les découvertes s’enchaînent. Pour soigner quelques douleurs musculaires, nous nous sommes rendus dans un hôpital publique au département physio afin d’essayer (encore une fois) les méthodes de traitement chinoises. L’expérience fut à la fois étrange et intéressante.
Aujourd’hui, 21 juillet, nous sommes à Dalian. Et après une journée à la plage à prendre des coups de soleil et se baigner, une autre journée pluvieuse à bruncher comme à Montréal et regarder des films, nous nous apprêtons à monter sur scène pour la 15ème fois en Chine !